[''Ανώνυμος (Bellermann, 29, 46): "Μουσική εστιν επιστήμη, θεωρητική και πρακτική, μέλους τελείου τε και οργανικού" (Μουσική είναι επιστήμη, θεωρητική και πρακτική, του τέλειου [δηλ. φωνητικού] και του οργανικού μέλους).'']
ΑΝΟΝΥΜΕ
TRAITÉ DE MUSIQUE
La MUSIQUE[2] est la science qui s'occupe de la mélodie parfaite.[3] C'est une science théorique, tant dans son ensemble que dans ses diverses parties. D'autres la définissent ainsi : la science qui embrasse, sous le triple rapport de la théorie, de la pratique et de la composition,[4] tout ce qui tient à la mélodie parfaite. Quant au musicien, c'est celui qui est habile dans la mélodie parfaite, et qui sait en observer et apprécier toutes les convenances avec une précision minutieuse.
[2] Arist. Quintilien, p. 5 (en bas) : Μουσικὴ ἐστὶν ἐπιστήμη μέλους, καὶ τῶν περὶ μέλος συμβαινόντων. Ὁρίζονται δὲ αὐτὴν καὶ ὡδί· τέχνη θεωρητικὴ καὶ πρακτικὴ τελείου μέλους καὶ ὀργανικοῦ. Ἄλλοι δὲ οὕτως··τέχνη πρένοντος ἐν φωναῖς καὶ κινήσεσι. Ἡμεῖς δὲ τελεώτερον... γνῶσις τοῦ πρένοντος ἐν σώμασι καὶ κινήσεσι.
Le man. 3037, fol. 31 r. l. 5, contient cette autre définition, à la suite d'un fragment d'Euclide attribué par erreur à Aristide Quintilien dans le Catalogue : [Μουσικὴ ἐστὶ ῥυθμοῦ] καὶ μέλους καὶ πάσης ὀργανικῆς θεωρίας )ενιστήμη μουσικὸς δὲ ὁ ἔμπειρος τούτων. Observons, toutefois, que les trois mots Μουσικὴ ἐστὶ ῥυθμοῦ manquent au commencement de cette définition, laquelle, dans le ms. 3037, se trouve confondue pêle-mêle parmi plusieurs autres fragments; mais que ces trois mots se lisent à la fin d'un feuillet du man. suppl. 449, à la suite de quelques autres fragments qui accompagnent les Harmoniques de Ptolémée; de sorte que, suivant toute vraisemblance, les feuillets suivants du man. 449, d'abord égarés, auront été réunis à d'autres ouvrages sur lesquels le man. 3027 a été copié. On retrouvera, sans doute, quelque part ce feuillet commençant par καὶ μέλους.
Suivant le traité aristotélique De mundo, ch. V (t. I, p. 608 Ε): Μουσικὴ ὀξεῖς ἄμα καὶ βαρεῖς, μακρούς τε καὶ βραχεῖς φθόγγους μίξασα ἐν διαφόροις φωναῖς, μίαν ἀπετέλβσβν ἁρμονίαν.
Les anciens attribuaient à la musique une extension beaucoup plus grande que nous ne le faisons nous-mêmes ; car ils y comprenaient tous les attributs des muses, c'est-à-dire tous les arts et toutes les sciences. Pour les pythagoriciens, pour les platoniciens plus particulièrement, c'était l’harmonie universelle, « τὸ πᾶν έν τῷ κόσμῳ ».
Suivant Psellus (init. music.) : Μουσικὴν οἱ παλαιοὶ συνέχειν εἶπον τὸ πᾶν. — Diogène de Laërte (Vie de Pythag.) : κατ' ἁρμονίαν συνεστάναι τὰ ὄλα. — Strabon (liv. X, p. 468 A) : Μουσικὴν ἐκάλεσεν ὁ Πλάτων, καὶ ἔτι πρότερον οἱ πυθαγόρειοι τὴν φιλοσοφίαν, καὶ κατ' ἁρμονίαν τὸν κόσμον συνεσταναί φασι, πᾶν τὸ μουσικὸν θεῶν ἔργον (al. εἶδος θεῶν) ὑπολαμβάνοντες. —Le Pseudo-Hermès (Asclep. c. VI) : ἔστι τάξις πάντων τῶν πραγμάτων. — Le scoliaste d'Aristophane (ad equit. ν. 188) : Μουσικὴν τὴν ἐγκύκλιον παιδείαν φησί. — Budée (Comment. col. 1389): Μουσικὴ οὐ μόνον παιδεία, ἀλλὰ καὶ παιδιά. — Nicéphore Blemmydès (Logic. man. 1998, fol. 17 v.) : ἔστι γνῶσις ποσοῦ διωρισμένον ἐν σχέσει. — Suivant Chrysanthe de Madyte (Θεωρετικὸν μέγα τῆς μουσικῆς, ἐν Τεργέστη, 1833), Platon définissait la musique : τρόπων μίμημα βελτιόνων ἢ χειρόνων ἀνθτρώπων (cf. Platon, Crat. Lois, II, Rép. III, passim) ; mais le rhéteur Philodème, dans sa diatribe contre la musique, prétend qu'elle n'est pas plus imitative que l'art culinaire : Οὐδὲ γὰρ μιμητικὸν μουσικὴ, μᾶλλον ἥπερ μαγειρική (De mus. col. III, p. 17 ; cf. Platon, Gorg.).
[3] Μέλος τὸ τέληον.—Entre les mots ᾠδή et μέλος il y a cette différence essentielle, que le premier signifie un chant vocal exécuté sur des paroles, tandis que le second s'applique à toute suite mélodique de sons, particulièrement a l'exécution instrumentale, et même aussi à la vocalisation : Αἱ πᾶσαι δυνάμεις τῶν φθόγδων εἰσὶν ὀκτὼ καὶ δέκα τὸν ἀριθμὸν, ἐν οἶς πάντα καὶ ἄδεται καὶ αὐλεῖται καὶ κιθαρίζεται, καὶ τὸ σύμπαν εἰπεῖν μελῳδεῖται (Gaud. p. 10, l. 30).
Voici, sur ces mots, un passage que M. Boissonade (Anecd. gr. T. IV, p. 458) extrait du man. 2551, et qu'il croit être de Didyme … où μέλος est ici pris pour synonyme de μέρος, comme on en trouve souvent des exemples.
Ἄσμα est, à proprement parler, le chant vocal, abstraction faite des paroles (et c'est en quoi il diffère de ᾠδή): tel est le chant des voyelles, usité chez les prêtres égyptiens pour honorer les dieux (cf. Démétrius de Phalère, ou plutôt Denys, Περὶ Ερμηνείας, p. 28, Flor. 1552).
Μελῳδεῖν ᾄσματα (S. Abbas Pambo dans Mart Gerbert, De cantu et musica sacra, t. I, p. 207) c'est accompagner le chant avec des instruments.
Le mot ψαλμὸς indique formellement un chant accompagné d'un instrument à cordes : Ψαλμὸς κυρίως ὁ τῆς κιθάρας ἣχος (Scol. d'Aristoph. in Aves, v. 218). S. Basile l'emploie au figuré dans un passage du ps. 29.
[4] Εξις θεωρητική τε καὶ πρακτικὴ ποιητική. — Voir, sur ces trois points de vue de la science en général, les excellentes remarques de M. Ravaisson dans son Essai sur la métaphysique d'Aristote, t. I, p. 251 ; et la Métaphysique d'Aristote, traduite par Al. Pierron et Ch. Zévort, t. I, p. 210, note. — Sur le mot ποιητική en particulier, voir aussi Meybaum in Aristot. p. 75. — Enfin, cf. Aristot. Metaph. VI, I, et XI, VII.
http://remacle.org/bloodwolf/erudits/anonyme/musique1.htm#_ftn2